Le paradoxe de l’âge : une revue critique des modèles explicatifs
Résumé
La notion de paradoxe de l’âge, c’est-à-dire l’idée qu’en dépit des pertes vécues au plan physique, cognitif et social, le vieillissement serait synonyme d’un accroissement du niveau de bien-être, est devenue centrale dans la littérature sur le vieillissement. Plusieurs contributions scientifiques ont débouché sur le concept d’« effet de positivité » faisant la part belle à l’hypothèse que l’avancée en âge serait associée à une meilleure régulation émotionnelle. Cette représentation du vieillissement comme synonyme d’une période de la vie tournée vers la recherche d’un biais favorable par lequel on peut voir toute chose est progressivement venue remplacer celle, plus privative, de la vieillesse. Cette conception participe à promouvoir la notion du « bien vieillir » devenu un enjeu social et politique majeur dans nos sociétés occidentales. Elle soulève néanmoins multiple questions sur les causes, la nature et les conditions d’émergence des modifications du traitement de l’information avec l’âge. La présente note théorique a pour objectif de dresser un inventaire critique de deux catégories distinctes de modèles théoriques, l’une issue du paradigme psychosocial, l’autre des recherches sur le vieillissement cérébral, afin d’offrir une analyse de leurs fondements, de leurs points communs et de leurs limites respectives dans un contexte empirique en pleine effervescence.