Que mesure l’interférence Stroop ? Quand et comment ? Arguments méthodologiques et théoriques en faveur d’un changement de pratiques dans sa mesure
Résumé
Destiné autant aux chercheurs qu’aux praticiens, le présent article argumente que de nombreuses implémentations actuelles de ce que l’on appelle de manière générique la tâche Stroop, reposent sur des connaissances méthodologiques et théoriques aujourd’hui dépassées. Il en résulte que l’interférence Stroop mise en évidence par les différentes versions en vigueur de la tâche Stroop a) est souvent surévaluée et b) ne permet pas de mesurer directement la contribution des différents processus qui en sont à l’origine. Après avoir exposé les arguments théoriques et méthodologiques sous-jacents à ces deux constats, cet article préconise le recours à une implémentation dite sémantique de la tâche Stroop qui permet de remédier aux problèmes théoriques et méthodologiques identifiés (Augustinova & Ferrand, 2014b ; Neely & Kahan, 2001). Particulièrement simple à mettre en place aussi bien en laboratoire que sur le terrain, la tâche Stroop sémantique rend le changement de pratiques qui s’impose à la portée de tous – chercheurs, comme praticiens.