Dans cet article nous allons comparer la thèse de l’expérience visuelle directe dans la genèse des capacités cognitives (voie directe) et la thèse de l’expérience langagière pour pallier le handicap dérivé du déficit visuel (voie indirecte). Dans un premier moment, nous présentons de manière critique les études philosophiques et psychologiques qui avalisent l’une ou l’autre thèse et les interprétations des résultats selon la position épistémologique assumée par les auteurs. Ensuite, nous mettons l’accent sur la double fonction du langage chez la personne adulte, aveugle de naissance, et sur son implication dans d’autres canaux de connaissance comme le système haptique. Nous nous référons aux fonctions de source de connaissance et de canal de transmission de ces connaissances. En conclusion, nous nous proposons de lancer un débat épistémologique et méthodologique sur deux principaux aspects : approfondir les connaissances liées au fonctionnement du langage et de son importance dans la genèse des connaissances, et amorcer de nouvelles pistes pour une évaluation du langage capable de prendre en compte l’hétérogénéité de la population des personnes aveugles.